Ces dernières années, la santé mentale pendant la grossesse et la période postnatale a fait l’objet d’une attention accrue. Cette attention s’explique notamment par un certain nombre de cas très médiatisés dans lesquels des parents souffrant de dépression ou de psychose post-partum ont fini par réellement nuire à leurs enfants. Une autre raison importante de s’intéresser à ces problèmes est que nous apprenons comment la santé (mentale) de la mère peut affecter négativement le lien mère-enfant et le développement de l’enfant. Lorsque la mère n’est pas en bonne santé émotionnelle pendant la grossesse et après l’accouchement, les risques de problèmes tels que l’insuffisance pondérale à la naissance, les troubles de l’attention et les difficultés à apaiser le bébé, sont accrus. Mais, alors que la dépression et la psychose post-partum font généralement la une des journaux, nous apprenons maintenant que les troubles anxieux, en particulier le trouble obsessionnel et compulsif (TOC), touchent également de nombreuses nouvelles et futures mères. De plus, les TOC et autres troubles anxieux périnataux (c’est-à-dire “autour de l’accouchement”) peuvent également entraîner les types de conséquences négatives mentionnées ci-dessus. Compte tenu des effets négatifs potentiels du trouble obsessionnel et compulsif périnatal et du fait que ce problème n’est pas bien compris par les patients et les professionnels, il est facile de voir l’importance d’en savoir plus sur ce trouble et sur la manière de le gérer le plus efficacement possible. Mon groupe de recherche à la clinique Mayo, et maintenant à l’Université de Caroline du Nord, a mené plusieurs études sur le TOC périnatal et a traité de nombreuses personnes atteintes de ce problème. L’objectif de cet article est de discuter a/ de ce que nous savons actuellement du TOC périnatal, b/ de ses causes potentielles, et c/ des traitements efficaces.

Dans l’éditorial d’aujourd’hui, Lucienne Spencer (Université de Bristol) discute des torts de la dépathologisation des troubles mentaux graves, et aborde plus particulièrement le TOC. Cet éditorial court est basé sur un article plus long et plus complet « Tout le monde n’a-t-il pas un peu un TOC ? Les préjudices épistémiques de la dépathologisation injustifiée » coécrit avec la Pr Havi Carel et publié en accès libre dans Philosophy of Medicine.

Certaines personnes consultent leur médecin au premier symptôme; d’autres attendent que les symptômes les gênent dans leur routine quotidienne. Enfin, il y a ceux qui ne consultent qu’en dernier ressort et ceci même si leur problème affecte négativement leur vie et celle de leur famille. Ces derniers sont dans ce qui peut être appelé un «comportement d’évitement de guérison» (CEG, en anglais ‘Recovery Avoidance’ ou RA), une attitude à mi-chemin entre un ‘déni de maladie’ et un ‘refus de guérir’. Cette attitude est difficile à comprendre pour la plupart d’entre nous, et nous avons peu d’éléments pour nous aider dans cette compréhension. Le but de cet article est de fournir quelques informations sur ce CEG (comportement d’évitement de guérison) et de voir avec ceux qui ont un proche dans cette situation ce qu’ils peuvent y faire.

MYTHE : Nous avons tous “un petit TOC” par moment.
FAIT : Le TOC n’est ni un caprice de la personnalité ni un trait de caractère – c’est un problème de santé mentale bien réel qui affecte environ 2 à 3 millions d’adultes et un demi-million de jeunes, rien qu’aux États-Unis. Alors que beaucoup de gens peuvent avoir un trait de caractère obsessionnel ou compulsif, le TOC (qui signifie “trouble obsessionnel compulsif”) est une vraie maladie, et les personnes diagnostiquées ne peuvent tout simplement pas arrêter ces obsessions et compulsions. Des recherches ont montré que leurs cerveaux sont câblés différemment des cerveaux des personnes sans TOC, et dans ces conditions, le TOC influence fortement leurs pensées et leurs actions.